Démence : le Maroc face à une menace silencieuse et croissante

L’impact économique est tout aussi alarmant, avec un coût estimé à plus de 1.300 milliards de dollars en 2019. Et selon les projections, cette somme pourrait doubler d’ici 2030.

Longtemps ignorée, la démence s’impose peu à peu comme l’un des grands défis sanitaires du XXIe siècle. Entraînant des pertes de mémoire, des troubles du comportement et une dépendance progressive, cette affection touche aujourd’hui plus de 55 millions de personnes à travers le monde, selon les derniers chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Chaque année, près de 10 millions de nouveaux cas sont recensés.

Derrière ces chiffres, une réalité lourde : la démence est désormais la septième cause de mortalité mondiale. L’impact économique est tout aussi alarmant, avec un coût estimé à plus de 1.300 milliards de dollars en 2019. Et selon les projections, cette somme pourrait doubler d’ici 2030. Plus de la moitié des malades vivent dans des pays à revenu intermédiaire ou faible, où les systèmes de santé sont rarement préparés à faire face à une telle pression.

Au Maroc, la tendance suit celle du reste du monde. Les dernières données disponibles indiquent que, pour l’année 2024, le taux de mortalité lié à la démence s’élève à 18,11 décès pour 100.000 habitants. Le pays figure désormais au 80e rang mondial pour cette pathologie. En 2021, environ 164.000 Marocains âgés de 60 ans et plus étaient concernés, pour un coût direct dépassant les 259 millions de dollars.

Le vieillissement de la population, combiné à une amélioration du dépistage, explique en partie cette progression. Mais d’autres éléments viennent aggraver la situation, notamment la fragilisation des structures familiales et le manque de dispositifs d’accompagnement.

Dans de nombreux cas, la maladie reste diagnostiquée trop tard. Selon les estimations, trois personnes sur quatre touchées par la démence à travers le monde ne sont pas formellement identifiées comme telles. Au Maroc, les obstacles sont multiples : méconnaissance des symptômes, rareté des spécialistes, poids des tabous… Résultat : les malades et leurs familles se retrouvent souvent seuls face à une situation de plus en plus lourde à gérer.

Il n’existe pas, à ce jour, de traitement permettant de guérir la démence. Mais une prise en charge précoce, associée à des soins adaptés, peut ralentir la progression de la maladie et préserver l’autonomie des patients plus longtemps.

L’OMS appelle les États à agir. Intégrer la démence dans les stratégies nationales de santé, renforcer la recherche, soutenir les aidants : autant de mesures devenues urgentes. Le Maroc, qui ne dispose pas encore d’un plan national spécifique, devra tôt ou tard affronter cette réalité.

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