Sans faire de bruit, l’un des médicaments les plus utilisés en France vient de changer de main. Le Doliprane, produit phare contre la douleur et la fièvre, appartient désormais à un groupe américain.
Ce passage sous pavillon étranger, officialisé le 30 avril 2025, soulève des interrogations sur la place de l’industrie pharmaceutique française dans un marché de plus en plus globalisé.
Avec plus de 200 millions de boîtes vendues chaque année, le Doliprane s’est imposé comme l’un des médicaments les plus utilisés dans l’Hexagone. À base de paracétamol, il est prescrit et consommé pour soulager douleurs, fièvre ou états grippaux. Cette vente concerne donc un produit central de l’automédication.
Ce que KKR a racheté
Sanofi, géant pharmaceutique français, avait annoncé son intention de céder sa division “Consumer Healthcare” pour recentrer ses activités sur les médicaments innovants. C’est désormais chose faite. Cette entité, regroupant une centaine de marques comme Doliprane, Gaviscon ou encore Lysopaïne, est tombée dans l’escarcelle de KKR, fonds américain spécialisé dans les opérations de rachat.
Une production qui reste, pour l’instant, en France
Le site industriel de Lisieux, en Normandie, où sont fabriquées certaines formes de Doliprane, continue de fonctionner. KKR a garanti le maintien des emplois et de l’activité sur place. Côté salariés, la prudence reste de mise : si les volumes de production sont conservés à court terme, rien n’empêche des réajustements stratégiques ultérieurs.
Un changement sans conséquence immédiate pour les patients
Aucune modification n’est prévue pour les formulations, les conditionnements ou les prix. Doliprane demeure accessible sans ordonnance, dans ses présentations habituelles. Mais cette acquisition soulève une question plus large, celle du contrôle des médicaments essentiels par des entités privées étrangères.
Ce transfert s’inscrit dans un contexte où la souveraineté pharmaceutique revient au cœur des débats. La crise du Covid-19 a révélé la fragilité des chaînes d’approvisionnement. Aujourd’hui, un médicament aussi symbolique que le Doliprane passe sous contrôle étranger, sans débat public majeur, dans une logique de marché. Pour certains professionnels de santé, c’est un signal d’alerte de plus sur la perte progressive de maîtrise du secteur stratégique du médicament.