Santé maternelle : un modèle communautaire en test dans trois régions du Maroc

Un nouveau modèle de santé communautaire centré sur les femmes enceintes et les jeunes enfants est en phase de test dans plusieurs zones rurales du Maroc. Lancé en 2022 avec le soutien de la Banque mondiale, ce dispositif vise à améliorer la prise en charge des grossesses et à réduire les écarts persistants en matière de santé maternelle et infantile entre les milieux urbains et ruraux.

Le projet est mis en œuvre dans 14 provinces appartenant aux régions de Béni Mellal-Khénifra, Drâa-Tafilalet et Marrakech-Safi. Il repose sur trois éléments clés : les centres de santé ruraux, les maisons communautaires appelées Dar Al Oumouma et un réseau de personnes relais formées dans les communautés locales.

À Oulad Ougad, village situé à deux heures de route de Marrakech, Najate Nadifi dirige l’une de ces structures. Présidente de l’association Riaaya pour la santé de la femme et de l’enfant, elle souligne les limites actuelles : « Il reste encore beaucoup à faire pour garantir que toutes les femmes, qu’elles soient du village ou des environs, puissent mener une vie digne et accoucher dans des conditions optimales. »

Les Dar Al Oumouma permettent aux femmes enceintes de rester proches d’un centre de santé dans les jours précédant l’accouchement, réduisant les risques liés à l’éloignement. « Les Dar Al Oumouma sont des centres ouverts à toutes les femmes, qui peuvent s’y rendre même avant l’accouchement. Elles y passent du temps en attendant de donner naissance, dans un environnement sécurisé », explique Nadifi.

Le dispositif repose aussi sur la coordination entre ces centres et les relais communautaires, qui accompagnent les femmes dans leur suivi médical. « Le processus de prise en charge commence avant l’accouchement : chaque femme bénéficie de consultations prénatales. Les personnes relais sont informées qu’elles doivent assister à au moins quatre consultations. Ces personnes contactent ensuite l’infirmière en charge, qui supervise à la fois le suivi de la grossesse et l’accouchement », précise-t-elle.

Depuis le début du programme, environ 1 000 relais ont été formés, et près de 285 000 femmes et enfants ont été orientés vers les services de santé. Nadifi constate une amélioration tangible : « Nous avons moins de problèmes de mortalité, en particulier chez les enfants ; auparavant, nous avions des morts fœtales et beaucoup d’autres complications. »

Pour les responsables du projet, cette initiative communautaire pourrait être élargie à d’autres localités. « L’impact est évident, et la qualité des soins a changé de manière significative. Les personnes relais communautaires ont un rôle crucial à jouer, et nous souhaitons sincèrement que ce projet s’étende à toutes les localités rattachées à ce village », conclut Nadifi.

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