L’état du système de santé marocain continue de diviser. Lundi 7 juillet, la séance mensuelle sur la politique générale, tenue à la Chambre des représentants, a mis en lumière deux lectures opposées d’un même chantier. D’un côté, un gouvernement qui insiste sur sa volonté de réforme en profondeur ; de l’autre, une opposition qui accuse l’Exécutif de déconnexion avec la réalité du terrain.
Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présenté une série de mesures censées transformer durablement le système national de santé. Il a insisté sur le cadre législatif mis en place, l’augmentation historique du budget alloué au secteur, passé de 19,7 milliards de dirhams en 2021 à 32,6 milliards en 2025, et le déploiement progressif d’une couverture médicale généralisée.
Le chef de l’Exécutif a également rappelé que le Maroc s’était doté d’une nouvelle architecture sanitaire reposant sur la régionalisation, la montée en compétence du personnel médical, la modernisation des structures hospitalières et la digitalisation des services.
Un quotidien qui ne suit pas les discours
Malgré ce discours structuré, l’opposition parlementaire a dressé un bilan sévère. Pour le PJD, représenté par Abdellah Bouanou, les engagements pris en matière de santé depuis 2021 n’ont pas été concrétisés. Il a dénoncé un financement déséquilibré du système, précisant que seuls 30 % des cotisants couvrent l’ensemble des bénéficiaires, mettant à mal la pérennité de la couverture.
Même inquiétude du côté du PPS. Rachid Hamouni a souligné un décalage criant entre l’expansion du secteur privé et le recul du service public. Il a pointé l’absence de réponse du gouvernement concernant l’exclusion de plus de huit millions de citoyens du système de couverture santé.
Pour l’USFP, représenté par Hassan Lachgar, plusieurs chantiers stratégiques comme la médecine de famille ont été laissés de côté. Il a évoqué la détresse des malades chroniques, notamment les patients atteints de cancer, confrontés à des délais de rendez-vous insoutenables et à des procédures de remboursement trop longues.
Des résultats qui tardent
Au sein de la majorité, certains appellent à la patience. Le député du PAM, Ahmed Touizi, a souligné que les problèmes du secteur sont anciens et qu’une réforme aussi vaste nécessite du temps pour produire ses effets.
Mais sur le terrain, les difficultés persistent : hôpitaux débordés, personnel sous pression, inégalités territoriales marquées, et une confiance fragilisée de la part des usagers.
Entre espoir d’un changement en profondeur et sentiment d’abandon, la santé publique reste un terrain de tensions. Le gouvernement défend sa stratégie et appelle à la mesure. L’opposition, elle, insiste sur l’urgence d’agir et d’apporter des réponses concrètes aux millions de Marocains pour qui l’accès aux soins reste un parcours d’obstacles.
Au final, c’est la capacité de l’État à allier ambitions et résultats tangibles qui déterminera la crédibilité du chantier de réforme engagé. Car au-delà des débats, la question demeure : le Maroc pourra-t-il enfin garantir à tous ses citoyens un droit effectif à la santé ?