Les traumatismes vécus dans l’enfance laissent des traces durables sur la santé mentale et physique des individus concernés. Une étude récente, menée dans le cadre du programme FinnBrain Birth Cohort Study, met en lumière un phénomène méconnu : ces blessures psychologiques pourraient influencer le patrimoine génétique des générations suivantes.
Des chercheurs ont analysé le sperme d’hommes ayant subi des violences ou des négligences durant leur enfance. En étudiant l’expression de certains ARN non codants et les modifications de méthylation de l’ADN, ils ont relevé des altérations notables chez ceux ayant vécu des traumatismes. Parmi les résultats marquants, une baisse de l’expression du microARN hsa-mir-34c-5p a été observée, ainsi que des variations de méthylation affectant les gènes CRTC1 et GBX2, jouant un rôle clé dans le développement cérébral.
Un risque accru pour la génération suivante ?
Les scientifiques suspectent que ces changements pourraient être transmis aux descendants et influer sur leur santé mentale. Des recherches antérieures sur des modèles animaux avaient déjà suggéré que le stress pouvait affecter la composition épigénétique des cellules germinales et provoquer des altérations comportementales chez la progéniture. Cette nouvelle étude chez l’humain renforce l’idée que l’environnement et l’histoire des parents façonnent, bien avant la conception, la vulnérabilité de leurs enfants face aux troubles psychologiques.
Vers une prise de conscience en santé publique
Ces découvertes soulignent l’importance d’une approche préventive face aux traumatismes infantiles. Agir en amont, en offrant un accompagnement et un cadre protecteur aux enfants exposés à des violences ou à la négligence, pourrait avoir un impact profond non seulement sur leur bien-être, mais aussi sur celui des générations futures.
Les chercheurs insistent toutefois sur la nécessité de poursuivre ces investigations afin de mieux cerner les mécanismes biologiques en jeu et d’évaluer l’ampleur exacte de cette transmission intergénérationnelle. En attendant, ces résultats encouragent à repenser l’accompagnement des victimes de traumatismes précoces en intégrant cette dimension biologique.