Le dernier classement mondial du bonheur (WHR 2025), publié le 20 mars, jour de la Journée internationale du bonheur, a placé le Maroc à la 112ᵉ position sur 143 pays. C’est le plus bas niveau jamais atteint par le royaume dans ce rapport annuel piloté par l’ONU, en partenariat avec Gallup et l’université d’Oxford.
Cette année, l’étude s’est concentrée sur le rôle de l’entraide et du lien social dans le bien-être des populations. Le Maroc chute de cinq places en un an, devancé par l’Ukraine, et à peine mieux classé que la Tunisie et la Mauritanie.
Des chiffres qui révèlent un malaise profond
Au-delà du score brut, ce recul traduit une situation de mal-être généralisé. Inégalités grandissantes, défiance envers les institutions, stress économique permanent : autant d’éléments qui influencent directement la qualité de vie. Le rapport s’appuie sur plusieurs critères : solidarité, liberté perçue, corruption ressentie, soutien social, émotions positives ou négatives.
Selon les données du classement, le Maroc obtient à peine 4,5 en soutien social, 4,2 en liberté individuelle, 3,1 en générosité et 2,5 sur la perception de la corruption. Des scores modestes, loin de ceux enregistrés dans d’autres pays.
Une santé mentale négligée… et des leçons à tirer d’ailleurs
La question du bonheur renvoie directement à celle de la santé mentale. Et sur ce terrain, le Maroc accuse un retard criant. Manque d’accompagnement psychologique, tabous persistants autour du mal-être, accès limité aux soins… Les problèmes psychiques sont souvent ignorés ou minimisés, alors qu’ils gagnent du terrain, en particulier chez les jeunes générations.
L’école, la famille, le monde du travail : tous les repères traditionnels sont en mutation. Mais les structures capables d’accompagner cette transition sont rares. Les citoyens, livrés à eux-mêmes, cherchent des exutoires dans la consommation, l’évasion numérique ou le silence.
Pendant ce temps, d’autres pays tracent leur chemin. La Finlande domine le classement pour la huitième année consécutive, suivie par ses voisins nordiques. Leurs recettes : politiques sociales solides, confiance interpersonnelle, institutions efficaces. Le Costa Rica et le Mexique, portés par des modèles de vie communautaire, font également leur entrée dans le top 10.