L’Agence Marocaine du Médicament et des Produits de Santé (AMMPS) alerte sur les dangers croissants liés à l’automédication et à la consommation de produits de santé détournés de leur usage initial.
Dans une lettre adressée aux professionnels du secteur, dont enSanté.ma dispose d’une copie, elle pointe du doigt des pratiques qui, en se banalisant, exposent de plus en plus de Marocains à des risques sanitaires graves.
L’alerte concerne en particulier le mésusage de certains médicaments comme la cyproheptadine, initialement prescrite comme antihistaminique, mais détournée en stimulant de l’appétit pour favoriser la prise de poids. Une pratique répandue notamment chez les jeunes, souvent encouragée par des vidéos ou des publications sur les réseaux sociaux. Des corticoïdes, parfois utilisés en parallèle dans ce même objectif, sont également mentionnés.
Autre phénomène inquiétant, la consommation hors prescription de médicaments destinés à traiter les troubles de l’érection, tels que le sildénafil ou le tadalafil. Or, ces traitements nécessitent un suivi médical, en particulier une évaluation de la fonction cardiovasculaire, avant toute administration. Pourtant, leur accès est aujourd’hui facilité par des circuits parallèles ou des plateformes de vente en ligne.
L’AMMPS signale aussi la présence illégale de ces substances dans des compléments alimentaires ou des produits de nutrition vendus sans contrôle, souvent promus de manière agressive sur internet. Le risque est d’autant plus grand que les consommateurs ignorent ce que contiennent réellement ces produits, pensant acheter des produits naturels ou sans danger.
Pour répondre à cette situation, l’agence appelle les professionnels à faire preuve de vigilance, à respecter strictement les règles de dispensation, et à signaler tout produit suspect ou tout effet indésirable constaté. Elle rappelle également que la publicité autour des médicaments, notamment sur les réseaux sociaux, est strictement encadrée et ne peut se faire sans autorisation.
Face à un phénomène qui touche à la fois la santé individuelle et l’équilibre du système de santé, l’AMMPS insiste sur la nécessité de sensibiliser, de contrôler et de sanctionner les dérives liées à l’usage non médical des produits de santé. Un message clair à destination de tous les acteurs concernés.