Les compléments alimentaires séduisent de plus en plus de Marocains. Multivitamines, extraits de plantes, probiotiques… ces produits inondent pharmacies et plateformes en ligne, portés par la mode du « mieux vivre ». Pourtant, derrière cette tendance, la Food and Agriculture Organization (FAO) met en garde : consommer ces produits sans encadrement peut représenter un vrai danger pour la santé.
Dans un rapport publié ce 29 avril, Maura Di Martino, experte en sécurité alimentaire, souligne que beaucoup de consommateurs ignorent les effets secondaires possibles. Interactions médicamenteuses, surdosage de vitamines, contamination par des substances indésirables : les compléments alimentaires, même naturels, ne sont pas sans risques.
Au Maroc, plusieurs professionnels de santé constatent la banalisation inquiétante de leur usage. « Les gens en achètent sur Internet ou dans des boutiques spécialisées sans demander l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien. C’est très préoccupant », témoigne un pharmacien à Casablanca.
Un marché en forte croissance, mais peu contrôlé
Le Maroc n’échappe pas à l’engouement mondial. En 2023, le chiffre d’affaires des compléments alimentaires a franchi la barre des 900 millions de dirhams, en hausse de 14 % sur un an. Les exportations, elles, ont progressé de 26 %, dépassant les 860 millions de dirhams.
Pourtant, le marché évolue dans un cadre juridique flou. Un projet de loi, présenté en 2022, attend toujours d’être adopté. Critiqué par les pharmaciens, il ne traite que de la production, sans imposer de règles strictes sur la vente ou la distribution. Résultat : la moitié des ventes échappe au circuit pharmaceutique officiel.
Une urgence sanitaire qui ne dit pas son nom
Aujourd’hui, rien n’empêche un consommateur marocain d’acheter un complément alimentaire non conforme ou mal dosé. En l’absence de contrôles renforcés, les risques pour la santé publique augmentent. Plusieurs voix réclament l’exclusivité de la distribution en pharmacie, seule capable d’assurer un conseil avisé et de filtrer les produits douteux.
La FAO rappelle que les compléments alimentaires doivent être utilisés avec la même précaution que des médicaments. Chaque organisme réagit différemment, et certaines associations de produits peuvent aggraver des maladies chroniques ou réduire l’efficacité de traitements en cours.
Mieux vaut prévenir que guérir
Le message est clair d’après notre interlocuteur : avant d’entamer une cure de vitamines ou de plantes, mieux vaut consulter un professionnel de santé. La tendance au « tout supplément » sans diagnostic préalable pourrait coûter cher à long terme, autant en dirhams qu’en santé.